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Du haut de ses 2 mm, il peut détruire une colonie d'abeilles !

Petit par la taille mais extrêmement redoutable pour une colonie d’abeilles, cet acarien est devenu en quelques décennies l’un des combats majeurs que mène tout apiculteur dans la protection de ses ruches. Découvrez son incroyable adaptation au cycle de l’abeille ainsi qu'une vidéo surprenante de sa technique d'approche !





Des origines asiatiques.


Le Varroa destructor est un acarien parasite de l'abeille adulte ainsi que des larves et des nymphes. Il est originaire de l'Asie du Sud-Est. Il vit là bas aux crochets de l'abeille asiatique Apis cerana qui résiste à ses attaques, contrairement à notre abeille domestique européenne Apis mellifera. Il est à l’origine de nombreuses pertes de ruches en France et l’une des causes de la diminution du nombre d'abeilles. On estime par exemple qu’en Italie (où sa présence a été établie en 1981), pendant la seule année 1986, environ 100 000 ruches ont été détruites à cause de ce parasite.


La rencontre entre le Varroa et l’abeille domestique aurait eu lieu vers 1877 au Japon. Il voyage alors de manière très rapide via les transhumances et le commerce mondial d’essaims. Sa première observation sur Apis mellifera a été relevée en Sibérie en 1964. Dans les années 1970 il apparaît en Europe et est identifié en France depuis 1982.





Physiquement pas à son avantage mais redoutablement efficace !


Le Varroa ressemble à un petit crabe aplati, pas une apparence avantageuse à vrai dire ! C’est la femelle qui est observée le plus souvent. De couleur rouge, elle mesure de 1 à 1,8 mm de long sur 1,5 à 2 mm de large. Les mâles ne sortent jamais des alvéoles, ils restent bien au chaud au fond de la cellule. Ils sont blanc jaunâtres et mesurent 0,8 mm de diamètre. Les femelles sont très agiles et l’extrémité de leurs pattes est munie de ventouses pour s’agripper aux abeilles. Elle possède donc tous les atouts pour se loger entre les nymphes et la paroi de l’alvéole et pour rester agripper à l’abeille.



Une ruche en Provence - Séverine JUILLARD





Le Varroa est parfaitement adapté au cycle de l'abeille !



Cycle du Varroa VS Cycle de l'abeille :



La femelle Varroa a un cycle de vie d'environ 80 jours. Elle pond des oeufs qui donnent naissance soit à des mâles, soit à des femelles. Elle squatte l'abeille pour en sucer la lymphe mais au cours de la première moitié de son existence, elle n'aura cesse d'être animée par la nécessité de se reproduire.

Chez l'abeille, dès qu'un oeuf vient d'éclore, la larve est nourrie par une bouillie de gelée royale afin qu'elle assume son développement en tant que larve dans un premier temps, puis, passe au stade de lymphe pour ensuite subir une métamorphose pour aboutir au stade "abeille". Peu de temps avant l'operculation de la cellule dans laquelle se trouve une larve d'abeille, la femelle Varroa s'introduit dans cette alvéole et se "planque" au fond (vous savez en s’aidant de cette forme de crabe aplati), afin de ne pas être délogée par les nurses (abeilles ouvrières). Ces dernières ferment donc la cellule par un cachet (opercule) composé de cire et de propolis afin que la magie de la métamorphose puisse s'opérer.


Etant maintenant totalement protégée au sein d'une cellule operculée, la femelle Varroa dépose en peu de jours quelques œufs dont l’un donnera naissance à un mâle (au bout de 60 heures environ) et les autres à trois ou quatre femelles (toutes les 30 heures environ et dont certaines seront fécondées par le mâle ; la bonne nouvelle !).

Cette petite famille, bien protégée dans cette cellule fermée, va se développer jusqu'au jour où la nymphe est métamorphosée en abeille et entame sa libération. La petite famille Varroa a pu, au cours de la métamorphose de l’abeille s’en prendre à l’intégrité physique de la larve. C’est pourquoi nous pouvons observer, plus tard, que certaines abeilles naissent avec des malformations au niveau des ailes ou des membres. Une fois l’abeille sortie du cocon, les femelles Varroas s’installeront pendant plusieurs jours sur les adultes, d’où elles se détacheront, rentrant alors dans les cellules pour achever le cycle.


Il est utile de noter que lorsque la femelle Varroa s’introduit dans une alvéole, elle choisit de préférence les cellules de couvain d’abeilles mâles qu’elle distingue à l’odeur.


Cette espèce a une capacité annuelle de reproduction telle qu’une seule femelle peut donner naissance en un an à 20 filles au minimum, qui seront 400 l’année suivante et 8000 l’année d’après, causant en peu de temps la mort de la famille d’abeilles tout entière.


Le terrain est donc propice à leur multiplication et la durée de vie du parasite est adaptée au cycle de vie d l’abeille.





Comment détecter la multiplication de Varroas dans ma colonie ?


Depuis quelques décennies, partout sur la planète en dehors de quelques îles, le Varroa est reconnu comme le prédateur principal de l'abeille. La maladie provoquée par la prolifération de Varroa est appelée varroose. Vous pouvez apercevoir les premiers Varroas sur les abeilles elles-mêmes lors de certaines visites.


Une méthode simple de dépistage consiste à glisser sous le plateau de la ruche une plaque graissée qui recueille tout ce qui tombe des rayons, en particulier les Varroas morts naturellement. Pour effectuer un comptage les apiculteurs laissent le lange au moins une semaine car les variations quotidiennes peuvent être importantes. En divisant le nombre de Varroas trouvés par le nombre de jours et en le multipliant par 50 on obtient une estimation du nombre de Varroas présents dans la colonie.


Généralement, une colonie peut rester saine avec 2500 acariens.





Il suce ses proies et les épuisent.


En se nourrissant de l’hémolymphe (liquide circulatoire des insectes, rôle identique au sang), le Varroa prive l’abeille de nombreuses cellules sanguines et de protéines. Entre autres, la gelée royale produite par les nourrices est alors de moins bonne qualité ce qui nuit au bon développement du couvain. L’effet le plus dévastateur est la transmission des maladies lors des piqûres ou ultérieurement car la plaie reste ouverte et devient un foyer infectieux. Ainsi, la varroose est souvent associée au développement de malformations ou d’autres maladies telles que le couvain sacciforme, les loques, la paralysie aiguë etc.





Les solutions : L'ail ne suffira pas à éloigner ce vampire !


Cette espèce est très contagieuse et semble souvent inexorable à cause de facteurs importants de disséminations naturels (pillage, dérive, essaimage) ou anthropiques (transhumance, commerce des colonies).


Une première solution consiste à profiter du fait que les Varroas se développant en grand nombre dans les cellules mâles, certains apiculteurs détruisent en avril deux cadres à couvain de mâles avant l’émergence des faux-bourdons mais la destruction des faux-bourdons n’est pas sans poser de problèmes.


La deuxième solution est l’utilisation du thymol. Ce composé n’est pas vénéneux. On peut le dissoudre dans de l’alcool ménager, en imbiber des bouts de carton et les laisser s’évaporer au-dessus des cadres. La température extérieure doit être supérieure à 20°C. Tout le rucher doit être traité en même temps car les vapeurs incommodent les abeilles qui peuvent changer de ruches. Son efficacité avoisine les 80 %. Plusieurs médicaments utilisent le thymol dont Apiguard, Thymovar et Apilife-Var. Les trois ont une autorisation de mise sur le marché en France. On conseille un premier traitement au thymol dés la récolte de juillet puis 3 mois de traitement avec des lanières.


Une autre solution est le traitement à l’acide formique (substance de défense émise par les fourmis). Il est considéré comme moins violent que les traitements chimiques agréés et autorisé en Agriculture Biologique. Le traitement est à effectuer trois semaines consécutives pour couvrir le cycle complet du couvain. Attention toutefois lors de la manipulation, c’est un produit dangereux, éviter le contact avec les yeux ou les doigts. Point important : le traitement est à effectuer en septembre, après la récolte de miel.

Vous trouverez ici une fiche technique de l'emploi de l'acide formique dans la lutte contre le Varroa de l'Association de Développement de l'Apiculture du Centre.


D’autres solutions existent telles que le sucre glace ou les huiles essentielles (eucalyptus globulus) avec une efficacité plus ou moins importante. Reste donc à chaque apiculteur à tester ces différentes méthodes et adapter celle qui lui correspond le mieux.




Vidéo surprenante du Varroa sautant sur une abeille :







La lutte contre l’espèce Varroa représentera encore, dans les prochaines années, la préoccupation principale de tous les apiculteurs. Si cette espèce n’est pas combattue ou maintenue en-deçà d’un certain niveau de prolifération, elle risque de détruire la plupart des ruchers.




Une ruche en Provence.


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Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Varroa_destructor ; http://www.abeille-et-nature.com/index.php?cat=traitement&page=varroa ; https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/l-acarien-varroa-peut-infester-l-abeille-depuis-une-fleur_109531 ; https://changera.blogspot.fr/2015/06/abeilles-lutte-naturelle-contre-le.html ; "Tout savoir sur les abeilles et l’apiculture", M. Biri, 2010 Editions De Vecchi S.A, Paris.

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